Le 3 décembre la prière du Notre-Père va évoluer. Ce n'est pas la première modification de cette prière majeure de l'église catholique. Les pratiques évoluent ainsi la génération de la seconde guerre mondiale et avant utilisait plus usuellement le terme de "ainsi soit-il" à chaque fin de prières au lieu du terme "amen".

François VERCELLETTO / Ouest-France

Les fidèles devront dire : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. » au lieu de : "Et ne soumets pas à la tentation.", à partir du premier dimanche de l'Avent. Cette nouvelle traduction se veut plus fidèle au texte grec d'origine et à l'esprit de l'Évangile.

C'est un sacré changement. À partir du 3 décembre, premier dimanche de l'Avent 2017, la prière du Notre Père sera modifiée. « Et ne nous soumets pas à la tentation » devient : « Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »

Cette formulation avait été validée au Vatican par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le 12 juin 2013. Elle s'inscrit dans le cadre plus large de la nouvelle traduction liturgique de la Bible, mais il fallait attendre la publication du nouveau Missel romain pour rendre effective cette modification. Ce qui a pris un peu plus de temps que prévu.

Pourquoi une telle décision susceptible de troubler bien des catholiques habitués de, longue date, à dire le Notre Père ? Il fallait de solides raisons. Les spécialistes des textes sacrés soulignent la difficulté à traduire correctement ce verset. « Ne nous laisse pas entrer en tentation » se veut plus fidèle au texte grec d'origine, dans les Évangiles de Matthieu et Luc.

La formule « Ne nous soumets pas à la tentation », en usage depuis 1966, n'est pas non plus vraiment fidèle à l'esprit de l'Évangile. « Beaucoup comprennent que Dieu pourrait nous soumettre à la tentation, nous éprouver en nous sollicitant au mal », explique le père Jacques Rideau, directeur au Séminaire français de Rome.

La nouvelle traduction écarte cette idée.« Le verbe « entrer » reprend l'image du terme grec d'un mouvement, comme on va au combat, et c'est bien du combat spirituel qu'il s'agit », ajoute cet expert du sujet.

Cette nouvelle tentative d'être au plus près de la prière reçue directement de Jésus-Christ sera-t-elle la bonne ? Elle a suscité d'âpres débats théologiques, comme l'avait expliqué Le Figaro.

Avant 1966, la formulation était : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation. » Elle avait été modifiée par souci d'œcuménisme avec les orthodoxes et les protestants réformés. L'Église protestante unie de France, qui rassemble luthériens et réformés, a validé la nouvelle formulation.

Au-delà du seul Notre Père, la justesse des traductions liturgiques est une vraie question. On connaît l'adage italien "Traduttore, traditore" (Traduire, c'est trahir).

La pape François a très récemment - le 15 octobre - expliqué, dans une lettre au cardinal Sarah,( )ce qu'il entendait par traduire fidèlement, les textes liturgiques :"Ce mot (fidèlement) implique une triple fidélité : en premier au texte original, aux langues particulières dans lesquelles il est traduit et, enfin, à la compréhensibilité du texte de la part des destinataires".

Lire aussi : l'analyse du père Jacques Rideau, ancien directeur du Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle.